L’accès à une énergie fiable, abordable et durable demeure un défi majeur pour les pays de l’Afrique subsaharienne où près de 50 % de la population n’a toujours pas accès à l’électricité. Pour relever ce défi, le suivi et l’évaluation (S&E) des projets énergétiques jouent un rôle clé en permettant de mesurer le progrès, d’identifier les obstacles et d’ajuster les stratégies en conséquence. Cet article aborde les leçons tirées des initiatives de S&E dans le secteur énergétique en Afrique subsaharienne.
Contexte de l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne
Selon les données de la Banque Mondiale, l’Afrique subsaharienne affiche le taux d’accès à l’électricité le plus faible au monde (51,5 % seulement). On note des disparités significatives dans les zones urbaines et rurales (81% en zones urbaines et 30,7% en zones rurales en 2022). Sur la base des tendances actuelles en matière de croissance démographique et d’accès à l’électricité, la Banque Mondiale estime que plus de 400 millions de personnes n’auront pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Cette situation freine le développement économique et social limitant l’industrialisation, les services de santé et l’éducation. Cela a donc un impact significatif sur le niveau de vie de la population. Cependant, l’Afrique subsaharienne possède un potentiel considérable en énergie renouvelable, notamment solaire, hydroélectrique et éolienne. Ces ressources restent sous-exploitées.
Le rôle du suivi et évaluation dans les projets énergétiques
Le S&E est un processus systématique qui vise à collecter et analyser des données pour mesurer l’efficacité et l’impact des projets. Il repose sur des indicateurs définis en amont. Ceux-ci peuvent être des valeurs qualitatives ou quantitatives permettant de décrire la réalité et d’indiquer le niveau de changement. Voici les rôles clés du S&E dans les projets énergétiques :
- Mesure de l’efficacité : En collectant des données quantitatives et qualitatives, le S&E permet d’évaluer si les objectifs du projet sont atteints et d’identifier les domaines nécessitant des ajustements.
- Optimisation des performances : Le suivi continu des indicateurs de performance énergétique (IPÉ) aide à détecter les inefficacités et à mettre en place des actions correctives pour améliorer la performance énergétique.
- Gestion proactive des risques : En identifiant rapidement les écarts par rapport aux prévisions, le S&E facilite la gestion des risques et la mise en œuvre de mesures préventives.
- Transparence et responsabilité : Un système de S&E bien conçu favorise une communication claire des résultats aux parties prenantes, renforçant ainsi la confiance et la crédibilité du projet.
Il faut noter qu’un S&E efficace des projets énergétiques repose sur des indicateurs pertinents et une collecte de données rigoureuse.
Leçons tirées des initiatives de S&E dans les projets énergétiques en Afrique subsaharienne
L’analyse des initiatives de suivi et évaluation (S&E) dans les projets énergétiques en Afrique subsaharienne met en évidence plusieurs enseignements clés.
Planification et mise en place d’un système de S&E solide
Intégrer un cadre de S&E dès la conception du projet est essentiel. Par exemple, dans le cadre du projet d’interconnexion Côte-D’Ivoire-Liberia-Serra-Leone-Guinée (CLSG), le suivi des infrastructures et l’évaluation de l’impact du projet ne peuvent être effectifs sans la mise en place d’un système de suivi et évaluation dès le départ. Ce projet régional a permis de fournir de l’électricité à environ 2,8 millions d’habitants des pays concernés.
Approche participative et engagement des communautés locales
L’implication des communautés locales dans le suivi et l’évaluation des projets énergétiques favorise l’adhésion aux projets et leur durabilité. Dans les projets énergétiques, la participation communautaire permet d’améliorer la distribution et l’efficacité des services énergétiques.
Utilisation de la technologie et des données pour un suivi efficace
L’adoption des technologies modernes facilite la collecte et l’analyse des données. Les outils numériques permettent d’assurer un suivi des projets en temps réel et d’améliorer leur efficacité. Dans le cadre du projet d’interconnexion Dorsale Nord, des systèmes de gestion avancés ont été utilisés pour superviser la construction de 913 km de lignes de transport et de sept sous-stations, contribuant à une réduction de 40 % des coûts de gros de l’électricité.
Les résultats du S&E permettent aussi d’ajuster les stratégies en temps réel. En Afrique du Sud par exemple, face à une crise énergétique majeure en 2023, le gouvernement a reporté la fermeture de trois centrales à charbon jusqu’en 2030, malgré les engagements de transition vers les énergies renouvelables. Cette décision, basée sur une évaluation continue de la situation énergétique, souligne l’importance de l’adaptabilité dans la gestion des projets énergétiques.
Défis rencontrés et solutions pour améliorer le S&E dans le secteur énergétique
Malgré les avantages du S&E, plusieurs défis subsistent, notamment le manque de financement, l’absence de coordination entre les parties prenantes et le déficit de capacités locales.
Manque de financement
Le S&E nécessite des investissements importants pour la collecte et l’analyse des données, ainsi que pour la mise en œuvre des ajustements nécessaires. L’un des moyens de pallier ce problème est d’explorer des mécanismes de financement innovants tels que les obligations vertes, les partenariats public-privé et les subventions internationales. La mise en commun des ressources et des réseaux nationaux constitue aussi une solution pour libérer le potentiel du marché régional de l’électricité en Afrique subsaharienne.
Absence de coordination entre les parties prenantes
La mise en œuvre du S&E implique de multiples acteurs, notamment les gouvernements, les entreprises privées, les ONG et les organisations internationales. Un manque de coordination peut rendre les efforts inefficaces. Il est important d’établir des plateformes de dialogue et de collaboration qui favorisent l’échange de données et l’alignement des objectifs.
Déficit de capacités locales
L’expertise en S&E dans le secteur énergétique est souvent limitée en Afrique subsaharienne. Cela peut freiner le déploiement des projets et l’efficacité des initiatives. Les gouvernants doivent investir dans la formation des ressources humaines, en développant des programmes éducatifs et en encourageant le transfert de compétences à travers des partenariats avec des institutions académiques et des organismes internationaux.
Défis liés à la qualité et à la disponibilité des données
L’absence de données fiables constitue un obstacle majeur au S&E. L’utilisation de technologies avancées comme l’intelligence artificielle, les drones et les capteurs intelligents peut améliorer la collecte de données et garantir une meilleure prise de décision.
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Bibliographie
- Banque mondiale. ‘Électrifier l’Afrique : l’impact transformateur des projets énergétiques régionaux en Afrique de l’Ouest.’
- ‘L’amélioration de l’accès à l’énergie est essentielle pour atteindre les objectifs de développement en Afrique.’
- Encyclopédie de l’énergie. ‘Quelles transitions énergétiques en Afrique subsaharienne ?’
- Le Monde. ‘Du charbon aux renouvelables, l’Afrique du Sud au défi d’une transition énergétique juste.’
- Réseau Cicle. ‘Guide de suivi et d’évaluation pour des projets énergétiques.’