Dans un monde où les défis sanitaires deviennent de plus en plus complexes, garantir l’accès aux soins de santé ne suffit plus. Il faudra aussi s’assurer que les services sont efficaces, sûrs, équitables et centrés sur le patient. Dans de nombreux pays, la qualité des soins de santé reste toujours difficile à mesurer de manière systématique faute d’outils, de données fiables ou de culture de suivi rigoureux. Comment savoir si un hôpital offre réellement des soins de qualité ? Comment comparer les performances entre différents établissements ou secteurs sanitaires ? La réponse à ces différentes questions passe par un dispositif solide de suivi et évaluation axé sur des indicateurs pertinents. Cet article décrypte les indicateurs clés de qualité des soins et comment les intégrer efficacement dans les politiques de santé publique.
Qu’est-ce que la qualité de soins de santé ?
Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la qualité des soins de santé se définit comme la mesure dans laquelle les services de santé offerts aux individus et aux populations augmentent la probabilité d’atteindre les résultats de santé souhaités. La qualité des soins de santé ne se mesure donc pas seulement à l’acte médical, mais aussi à sa pertinence, son efficacité, son accessibilité et l’expérience vécue par le patient. L’OMS a défini sept (07) dimensions fondamentales de la qualité qui servent de référence mondiale pour le suivi et l’évaluation des services de santé.
- Sûreté : éviter les erreurs médicales, les infections nosocomiales ou tout autre préjudice évitable causé au patient.
- Efficacité : chaque intervention, traitement ou conseil doit être fondé sur des données probantes et adapté aux besoins cliniques réels du patient.
- Accessibilité rapide : il faut réduire les délais d’attente préjudiciables pour les bénéficiaires.
- Centré sur le patient : respecter la dignité, les valeurs et les droits de chaque patient tout au long du processus de soin.
- Efficience : Exploiter au maximum les ressources disponibles en évitant le gaspillage.
- Équité : la qualité des soins de santé doit être là même pour tout le monde sans discrimination liée au sexe, au statut socio-économique, à la situation géographique ou à l’origine ethnique du patient.
- Intégration : assurer la disponibilité de l’ensemble des services de santé à toutes les étapes de la vie.
Comprendre les dimensions fondamentales de la qualité des soins facilite le choix des indicateurs à suivre dans les établissements de santé. Cela permet aussi d’aligner les pratiques nationales avec les normes internationales.
Quels sont les types d’indicateurs utilisés pour évaluer la qualité des soins ?
La mesure de la qualité des soins de santé repose sur un ensemble d’indicateurs qu’on peut regrouper dans trois catégories : les indicateurs structurels, les indicateurs de processus et les indicateurs de résultats. Cette classification provient du modèle de Donabedian qui est pionnier de l’évaluation des soins de santé. Elle est largement adoptée dans le monde.
Les indicateurs structurels
Ces indicateurs décrivent les moyens mis en place pour garantir des soins de qualité aux patients. Ils portent sur les ressources humaines, financières, matérielles et organisationnelles du système de santé. On peut par exemple évoquer les infrastructures hospitalières, heures d’ouverture, le taux de disponibilité des médicaments essentiels ou encore les ratios personnel/patients. Pour le ratio personnel médical/patients, l’OMS recommande 4,5 professionnels de santé pour 1000 habitants. Les indicateurs structurels donnent une image des capacités du système, mais n’indiquent pas encore si les soins sont bien délivrés.
Les indicateurs de processus
Ce type d’indicateurs de qualité de soins mesure les actions concrètes posées pendant la prestation des soins et évalue si les pratiques sont conformes aux normes et aux protocoles établis. Il s’agit par exemple du pourcentage de femmes ayant reçu les quatre visites prénatales recommandées ou encore le taux de notification des effets indésirables graves. Ils permettent de vérifier la qualité technique et relationnelle des soins. Sur la base des indicateurs de processus, les acteurs du secteur peuvent trouver des solutions pour améliorer la qualité de soins.
Indicateurs de résultats
Ils évaluent les effets réels des traitements et des soins sur la santé des patients et des populations. Les indicateurs de résultats sont souvent les plus significatifs pour juger de l’impact du système de santé. Il s’agit par exemple du taux de mortalité néonatale, infantile ou maternelle, le pourcentage des patients guéris ou améliorés, le niveau de satisfaction des usagers. Ces données permettent d’évaluer l’efficacité globale des interventions et d’orienter les décisions stratégiques.
Pour un système de suivi et évaluation efficace, il est primordial d’utiliser les trois types d’indicateurs ensemble. En effet, un bon équipement ne garantit pas de bonnes pratiques. De même que les bonnes pratiques ne garantissent toujours pas des résultats satisfaisants. Par ailleurs, de bons résultats peuvent masquer des inégalités.
Choix et utilisation des indicateurs : les bonnes pratiques
Le bon choix des indicateurs de suivi et évaluation de la qualité des soins est essentiel pour une amélioration durable. Dans les pays en développement, les indicateurs ne sont pas souvent adaptés au contexte local. Voici quelques principes clés à suivre pour bien choisir les indicateurs.
Choisir des indicateurs pertinents et adaptés au contexte local
Tous les indicateurs ne sont pas utiles. Vous devez les choisir en tenant compte :
- Des priorités nationales de la santé (paludisme, VIH, tuberculose, mortalité néonatale ou autres)
- Des capacités locales en matière de collecte et d’analyse des données
- Du niveau de soins concerné (hôpital, centre de santé ou zone).
Il faut rappeler qu’un indicateur est pertinent s’il est spécifique à l’objectif fixé, mesurable avec les moyens disponibles, atteignables dans le contexte donné, pertinent pour la prise de décision et temporellement défini. Un indicateur doit donc être SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement défini).
Impliquer les parties prenantes
Un indicateur de suivi et évaluation n’est utile que s’il est compris et accepté par ceux qui le collectent et l’utilisent. C’est pour cette raison qu’il faudra impliquer toutes les parties prenantes. Il s’agit des :
- prestataires de soins (infirmiers, médecins),
- gestionnaires d’établissements de santé,
- autorités sanitaires locales
- communautés ou représentants d’usagers.
L’implication des différentes parties facilite la compréhension des enjeux, l’approbation des outils et renforce la culture de la qualité.
Garantir la qualité des données
Il est important de former les agents à la collecte rigoureuse des données. En effet, un indicateur n’a de valeur que si la donnée est fiable, complète et à jour. Les indicateurs doivent être aussi intégrés dans les outils standards (DHIS2, fiches techniques, registres et autres). Il faudra également organiser des revues de données régulières et mettre au point des mécanismes de vérification croisés ou d’audit qualité.
Analyser et interpréter les résultats avec discernement
Les indicateurs d’évaluation de la qualité des soins de santé ne sont pas des fins en soi. Ils doivent servir à détecter les écarts de performance, comparer les établissements ou zones entre elles, identifier les goulots d’étranglement dans les parcours de soins de santé. Ils servent aussi à appuyer les décisions de réforme, de financement ou encore de formation. Il est donc essentiel d’analyser les résultats en tenant compte du contexte (rupture de stock, conflits, événements exceptionnels et autres).
Intégrer les indicateurs dans un tableau de bord
Pour faciliter le pilotage, il est recommandé d’élaborer un tableau de bord de la qualité par établissement de santé ou zone, inclure un nombre limité d’indicateurs clés (10 à 20 maximum). Les informations doivent être mises à jour régulièrement (mensuel, semestriel ou trimestriel) et diffusées aux équipes et autorisées sanitaires.
Il faut digitaliser les systèmes de collecte et d’analyse pour améliorer la qualité et la disponibilité des données en temps réel, leur accessibilité pour les différents niveaux de gestion et la visualisation grâce à des tableaux de bord dynamiques.
Conclusion
Les indicateurs de qualité des soins de santé ne sont pas de simples chiffres. Ce sont des outils stratégiques capables d’orienter les politiques, de corriger les pratiques, d’améliorer les conditions de travail des soignants et surtout de sauver des vies. Expert en suivi et évaluation des projets de santé, Kerus Consulting International accompagne les autorités sanitaires à concevoir et mettre en place des systèmes de suivi-évaluation fiables et adaptés pour garantir la performance, la transparence et l’impact des interventions.
Références
- Que sont les indicateurs de performance des soins de santé ?
- Comment mesurer la qualité des soins
- La qualité des soins : Critères, Dimensions, Démarches et Approches
- Comment évaluer la qualité des soins de santé grâce à la structure, au processus et aux résultats –